Yet Another Craquage

Ça y est, nous y voilà de nouveau. Je craque. Encore. Mais l’avantage désormais, c’est que je sais pourquoi. L’inconvénient, c’est que je sais pourquoi.

J’ai toujours eu des phases d’hyperactivité, avec des tonnes de projets en simultané, que je menais plus ou moins à terme. Plutôt moins que plus, d’ailleurs. Ces phases étaient généralement suivies par une phase d’épuisement. Un épuisement dû à une overdose de tout : de stimulations, de stress, de pression, de consommation effrénée d’informations et de nouvelles données pour acquérir toujours plus de connaissances. Ce qu’on pourrait associer à de l’infobésité, mais nécessaire pour moi à ce moment-là. Ce besoin de rassasier mon cerveau qui en demande toujours plus, dans tous les domaines possibles et imaginables. Vous ai-je parlé de mon éternelle passion pour la nature ? De ma récente passion pour les arbres, et plus précisément tous les éléments qui le composent, de son fonctionnement, de ses méthodes de communication avec les autres arbres ? Vous ai-je dit que je me suis remis à lire, beaucoup, et de tout ? Vous ai-je dit que je réorganisais ma maison ? Que j’étais toujours plus impliqué dans l’associatif ? Que j’ai des tonnes d’articles de vulgarisation et de partage en attente sur de nombreux sujets que je ne maîtrise pas ? Des projets pour les services que j’héberge ? Des envies d’occupation avec ma famille et surtout mes enfants ? Des idées d’amélioration de notre quotidien ?

Tout ça, je peux le cumuler sans problème. Faire, mal, mais faire quand même. Être partout et nulle part à la fois, mais faire, faire, faire encore. Toujours plus malgré des journées de 24 heures seulement, et une culpabilité de ne pas y arriver.

L’avantage désormais, c’est que je sais d’où ça vient. TSA, TDA avec Hyperactivité, et tout ce qui va avec sont les raisons de ce fonctionnement. Et ça aide à accepter cet effondrement, à le reconnaître et à mettre les bonnes actions en place. Du moins partiellement.

Parce que l’inconvénient désormais, c’est que je sais d’où ça vient. Je connais les raisons de ce fonctionnement, et je sais que je ne peux rien y changer. Je suis ainsi, et il faut que je m’en accommode. Il faut que j’apprenne à mieux cerner mes limites, et me rendre compte que je vais les atteindre AVANT de les atteindre. Mais ce ne sera pas pour cette fois-ci. Cette fois-ci, j’ai encore craqué.

J’ai largement dépassé mes limites encore une fois, et je dois me rendre à l’évidence. Encore une fois, j’arrête tout, d’un coup. J’arrête tous les projets, j’efface des compte en masse, je supprime du contenu, je me calme sur mes engagements. Et je fais ce qui me plaît, même si ça déplaît parfois. Tant pis, j’en ai besoin.

Il s’agit là d’une boucle sans fin sur laquelle je n’arrive pas à avoir la main : hyperactivité -> overdose -> épuisement et lassitude -> manque d’activité (physique et cérébrale) -> ennui > hyperactivité -> …

Mais là, je fais une pause. Autant pour ce site/blog, que pour de nombreux projets. Je me fais plaisir, doucement, en me concentrant sur moi et ma famille. C’est nécessaire.

À bientôt !

Faire un pas de côté : brouteur, sextorsion, hygiène numérique et bonnes pratiques

Sur Twitter, un nouveau thread a fait le buzz ces derniers jours. C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de threads. Mais celui-ci a particulièrement attiré mon attention. Si bien que j’ai moi-même fait un thread à propos de ce thread, ce qui est contraire à mes habitudes, vu que je râle toujours sur les threads. Ça fait beaucoup de fois threads. Vous voyez comme c’est énervant ? Voici donc un petit billet de blog qui en découle. Je l’avais promis :

Bref, revenons à notre sujet initial : le thread en question. Pour la faire rapide, on a une personne qui a créé un faux profil Twitter en se faisant passer pour un gamin de 12 ans. Il a bien évidemment attiré dans ses filets un brouteur. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un brouteur, il s’agit d’une personne qui se fait passer pour une autre dans le but de vous arnaquer. Il s’agit souvent de chantage affectif et/ou sexuel, mais également des arnaques plus générales concernant des biens à vendre ou louer, des campagnes d’hameçonnage en se faisant passer pour la gendarmerie ou autre. Cette personne tente donc de gagner votre confiance ou de vous effrayer avant de vous extorquer de l’argent.

Le brouteur en question s’est donc lancé dans une démarche de chantage sexuel après avoir obtenu des photos du faux jeune, nu. Dans ce fameux thread Twitter, la personne qui a attiré le brouteur se retourne contre lui, indique comment ne pas se faire avoir, quel comportement adopter, etc. Je rappelle que le compte est faux, que les photos envoyées sont fausses, et que le visage du jeune de 12 ans est celui de quelqu’un qui n’existe pas. Cela ne devrait donc en théorie causer de tort à personne. En théorie oui, mais…

Dans un autre thread, en réaction au premier, une victime de sextorsion raconte son histoire et rappelle que, même lorsque l’on sait, même lorsque l’on est informé, on peut toujours se faire avoir. Les sentiments, la confiance, ça ne se contrôle pas toujours. Surtout selon les âges. Les mécanismes mis en place par ces brouteurs, leur façon de tenir leur victime en otage au risque de détruire leur vie, sont bien rodés. Des jeunes se suicident régulièrement, ne sachant plus comment s’en sortir.

Là, j’entends venir le classique refrain : Oui mais (ça commence mal) le/la jeune n’avait qu’à pas envoyer ces photos à un(e) inconnu(e). On est en 2022, tout le monde sait qu’il ne faut faire confiance à personne sur Internet. Il/Elle l’aura tout de même un peu cherché.

Le problème qui saute aux yeux lorsque j’entends ce genre de discours, c’est que tout le monde semble avoir subitement oublié que nous avons toutes et tous été jeunes. Que nous avons toutes et tous fait des erreurs, mais surtout que nous avons pour beaucoup grandi sans les nouvelles technologies et tout ce qu’elles permettent. Il n’y a qu’à revenir 20 ans en arrière, quand j’étais au collègue, avant Facebook et autres… Si certains voulaient s’en prendre à moi, ils avaient des possibilités de diffusion assez limitées : le collège, éventuellement le village, et ensuite tout le monde oubliait ça en quelques jours/semaines. C’est d’ailleurs probablement ce qui m’a facilité la tâche, mais je m’égare. Bref, nous avons tous fait des erreurs, des conneries, mais les conséquences étaient relativement limitées. Nos enfants ne connaîtront jamais ça.

En gardant tous ces éléments en tête, et en tant que papa, j’essaie de faire un pas de côté, et de prendre un peu de recul sur le sujet. J’ai des enfants, en bas âge pour le moment, mais ces enfants grandiront. Ces enfants tout comme leurs camarades auront une vie, un téléphone, des amis, des secrets… Et j’aurai beau essayer de prévenir le plus possible, de les éduquer aux différents dangers, il me sera bien inutile de leur interdire certaines choses qui seront tout de même faites dans mon dos. Alors pourquoi ne pas plutôt les éduquer, et essayer des les protéger au mieux si un jour mes enfants se retrouvent à échanger du contenu qui pourrait leur porter préjudice ensuite ?

Dans le cadre d’une arnaque au chantage sexuel, notamment par l’échange de photos ou de vidéos, ou même dans le cadre d’un échange de photos et de vidéos légitime avec leur partenaire du moment, il y a quelques bonnes pratiques à garder en tête.

La première, qui évitera d’avoir à suivre les suivantes, est de ne tout simplement jamais envoyer de photos ou de vidéos qui puissent se retourner contre vous plus tard, mais repensons au paragraphe plus haut où je rappelle que nous avons tous fait ce genre de chose, et qu’on peut très vite se laisser emporter.

La seconde bonne pratique, si vous ne suivez pas la première, est de ne JAMAIS montrer votre visage sur ces photos ou vidéos. Ça limitera déjà les possibilités de vous identifier, et il sera plus difficile de vous faire chanter. Et ce que ce soit un brouteur ou un(e) ex un peu rancunier (et surtout stupide). En effet, si on ne peut pas prouver que c’est vous, quel est l’intérêt de publier les photos, sachant qu’il n’y a pas de moyen de pression réel ?

La troisième bonne pratique consiste, dans la lignée de la seconde, à ne pas partager de signes distinctifs sur ces photos : bijoux, tatouages, tâches de naissance, grains de beauté, … Tout ce qui correspond à une de vos particularités physiques permettant de vous identifier, même si on ne voit pas votre visage. Non, tout le monde n’a pas Droopy tatoué sur le dos de la main gauche ! Encore une fois, le but est de limiter les possibilités de vous identifier, et donc de vous faire chanter.

Enfin, quatrième et dernière bonne pratique, à cumuler avec les autres bien entendu : Pensez toujours à l’arrière-plan de la photo ! Un meuble, une photo, un poster, tout peut servir à ceux qui vous connaissent pour vous identifier, et donc au brouteur ou à l’ex de vous faire chanter, puisqu’il sera avéré qu’il s’agit bien de vous. Pensez plutôt à un mur tout blanc. C’est très bien un mur tout blanc.

Enfin, dernier point important et à ne surtout pas oublier : Vous pouvez malgré tout vous faire avoir, et ce NE sera PAS de votre faute ! VOUS êtes la victime ! VOUS n’êtes PAS trop naïve ou trop naïf ! VOUS subissez les agissement d’une AUTRE PERSONNE ! N’hésitez pas à vous tourner vers des proches de confiance pour être aidée ou aidé, et n’hésitez pas à porter plainte. Mais s’il-vous-plaît, ne culpabilisez pas, et n’hésitez pas à aller chercher de l’aide. Encore une fois, c’est vous la victime.

Et pour les parents qui seraient confrontés à ce genre de situation avec leurs enfants, ne les enguirlandez pas. Enfin si, mais pour éduquer, pas pour blâmer. Votre enfant est la victime, votre enfant ne pensait pas faire une telle erreur, et votre enfant est la victime. Accompagnez-le, soutenez-le (votre enfant), montrez-vous présents, mais surtout n’oubliez pas : c’est votre enfant la victime.

Courriels et professionnels de santé, mais pas qu’eux

Disclaimer : Dans cet article ne sont pas expressément ciblées les personnes concernées, à qui aucun reproche n'est directement fait.

Il n’est pas un secret, suite à cet article où j’expliquais mon parcours, que je consulte des médecins pour mes différents troubles neurodéveloppementaux. Des médecins dans le domaine de la psychiatrie, et des psychologues. Rien d’anormal jusque-là, et rien qui doive être caché.

J’ai dû ce matin contacter mon psychiatre, par l’intermédiaire de son secrétariat, pour une demande concernant mon dossier. J’ai donc envoyé un premier courriel assez générique, contenant peu d’informations. Ce courriel contenait ma clé de chiffrement publique, dans l’espoir d’aller vers un échange chiffré lors du passage aux échanges qui concernent mon dossier patient, et donc mes données médicales. Petite parenthèse pour les personnes non techniques : pour chiffrer un courriel et le rendre lisible uniquement pour l’expéditeur et le destinataire, chacun des deux doit disposer de la clé publique de l’autre. Le déchiffrement se fait ensuite grâce à la clé privée de chacun. Pour des informations techniques complémentaires, je vous invite à visiter cette page.

Après deux trois échanges standards, la personne qui me répondait m’indique ne pas pouvoir ouvrir ma pièce-jointe. Attends, quelle pièce-jointe ? Je regarde rapidement mes courriels envoyés et là, le déclic. Cette personne me parle du fichier .pub, soit ma clé de chiffrement envoyée avec mes courriels.

De cette réponse de sa part découle une observation assez simple : le secrétariat de ce spécialiste ne sait pas chiffrer des courriels. Vous me direz, la plupart des utilisateurs de cet outil ne savent pas chiffrer leurs courriels, ni l’existence de cette possibilité. Et ce n’est pas là le problème. Ici, nous sommes face à des personnes qui manipulent à longueur de journée des données personnelles et sensibles : des données de santé.

Pourtant, les données de santé sont considérées comme des données sensibles, protégées par le secret médical. Celles-ci doivent être hébergées auprès d’un organisme certifié pour l’hébergement de données de santé. De la même façon, l’échange des données de santé doit respecter le cadre juridique défini par l’article L1110-4 du code de la santé publique. Même si je n’ai retrouvé aucune source pour le moment indiquant qu’il s’agit d’une obligation légale, la CNIL donne plusieurs recommandations concernant l’échange de ce type de données par messagerie ou fax.

Beaucoup d’entre vous pourront se dire que ça ne risque pas grand chose, et que de toute façon, vous seul(e) avez accès à votre messagerie. En êtes-vous si sûr(e) ? Une rapide recherche concernant Google, pour ne citer que la messagerie la plus utilisée, révèle très clairement que vos courriels sont tous analysés, ainsi que leur contenu. Maintenant, vous allez me dire : Mais que pourraient-ils bien en faire ? Google, directement, pas grand chose, sauf s’ils ont des filiales dans la santé (puisque c’est le sujet qui nous intéresse ici). Mais que se passe-t-il si, parmi les partenaires de Google, se trouvent votre banque, votre assurance santé, ou tout autre acteur de ce type ? Quels tarifs vous seront ensuite appliqués sur des bases infondées ? Comment pouvez-vous également vous assurer que personne de votre famille n’a accès à des courriels que vous aimeriez garder pour vous ?

Et c’est bien là que le bât blesse. Même si vous n’avez « rien à cacher », tout ne doit pas pour autant être rendu public. Et il est selon moi anormal que nous n’ayons pas en 2022 plus de sensibilisation à toutes ces problématiques chez les acteurs du système de santé, que ce soient les praticiens ou leurs équipes administratives. Aujourd’hui, la sensibilisation à ces sujets est essentiellement réalisée par les hacktivistes, dans des cercles plutôt restreints. Il est temps que cela évolue. D’autant plus que, si les acteurs de la santé ne veulent pas s’embêter avec des aspects techniques parfois complexes à mettre en œuvre seul, de nombreuses solutions externalisées existent comme MSSanté, service proposé directement par le Ministère de la Santé et de la Prévention. Il est temps de sensibiliser l’ensemble des personnels de santé à ces problématiques, et je pense échanger rapidement à ce sujet avec les miens lors de mes différents rendez-vous à venir.

J’ai pris l’exemple des professionnels de santé dans ce petit billet, mais ils ne sont pas les seuls concernés. Qui s’est déjà vu proposer un échange de courriels chiffré par sa banque, par son/sa notaire, par les services publics, par l’assurance maladie ? Le problème est vaste, et Internet rend les données personnelles plus critiques que jamais, notamment par la facilité d’accès à celles-ci, ainsi que les possibilités importantes de diffusion.

Bonheur volé

L’avoir au creux de mes bras
Toute lovée contre moi
Et ne sentir que son petit cœur qui bat.

Des moments volés
Des moments partagés
Qui font oublier les difficultés.

Redécouvrir cette joie
Sentir ses petits doigts
Attraper ma main
Et la placer sur elle pour un câlin.

Être papa c’est aussi cela
Oublier tout ce qui ne va pas
Avec un moment simple, comme celui-là.

Franck Thilliez – 1991

Dans ce Thriller, Franck Thilliez nous ramène dans les années 1990. Années de mon enfance dont je garde de bons souvenirs, à une époque où le monde était bien loin de ce qu’il est aujourd’hui. Un retour quelques décennies en arrière qui m’apporte un peu de nostalgie. Chacun sa madeleine de Proust.

C’est donc en 1991 que le cadavre de Delphine Escremieu est découvert, les parties génitales ainsi que la poitrine brûlées, la tête couverte par un sac sur lequel un visage est dessiné, dans sa résidence secondaire où l’artiste laissait exprimer sa créativité. C’est au travers du livre « Les fleurs du mal » que le meurtrier a amené Franck Sharko, nouveau au 36 Quai des Orfèvres, sur la scène du crime.

De fil en aiguille, au terme d’une enquête guidée par le meurtrier lui-même, emmenant les enquêteurs du 36 où bon lui semble, l’auteur a su mettre en avant la complexité du cerveau humain, et ce dont il est capable de faire pour se protéger, ou en réaction à un traumatisme comme la vie sait en offrir.

Il nous est ici offert un thriller haletant qui donne envie d’être lu très vite tant l’intrigue est prenante. Du Thilliez comme je l’aime, qui ne laisse pas de répit au lecteur, allant de nouveauté en nouveauté. Et petit plus à celui-ci qui traite de certains aspects neuropsychologiques, ainsi que de l’histoire de cette science. Sujet qui m’intéresse « un petit peu ».

Bien-être et méditation

Je me suis souvent demandé pourquoi la méditation serait bénéfique pour tout le monde. Comment faire pour ne faire remonter que du positif ? Ça ne se passe en effet pas obligatoirement ainsi, et nous avons tendance à trop l’oublier.

Le temps revient dans cet article sur les effets secondaires de la méditation de pleine conscience, trop souvent négligés : L’engouement pour la méditation néglige ses effets secondaires

Un fargeat du sud

Chaque année, un bulletin du village est publié et laisse place à la plume de qui veut s’exprimer. Souvent, ce sont les membres des associations, le maire et quelques mêmes personnes qui l’alimentent en parlant de ce que la commune a vécu au cours de l’année. Mais le COVID a mis un frein à la vie du village, et les sujets ont été plus variés, plus libres. C’est ainsi que je me suis retrouvé à devoir composer ceci :

N’ayant pas de sujet réellement choisi
Tandis qu’à un brasseur nous faisions bel honneur,
Sébastien entre deux gorgées m’a alors dit :
« Cette fois-ci je te fais une belle fleur,
Sur une page entière je te donne la main,
Parle-nous, Benjamin, du sujet de ton choix. »

Ade, tel un poulpe aimant voir souffrir sa proie,
Me mit au défi d’écrire en alexandrins.
« Rimes continues, plates, croisées ou mêlées,
Chacun de tes vers devra faire douze pieds. »

Et si vous ne comptez pas toujours douze pieds,
Pensez à la façon dont ils sont prononcés.
Pour moi qui prononce chacune des lettres,
Dites-vous qu’un « e » a toujours raison d’être.

C’est alors que j’ai dû commencer à creuser
Pour dénicher quelque chose à vous raconter.
Pourquoi pas l’histoire d’un p’tit gars du sud-ouest
Arrivé par un bel après-midi de juin
Dans ce qui pour lui, simple jeune Lauzertin
Paraissait étranger, lointain : le grand Nord-Est.

Fraîchement arrivé en ville de Mâcon,
Ignorant tout de la vie et des traditions,
De mon immeuble je suis descendu m’asseoir
Simplement sur un des tabourets au comptoir
Avec pour intention de pouvoir discuter.
Les regards qui sur moi furent alors posés
M’ont fait comprendre que ça n’allait pas passer.

Ont suivi les difficultés linguistiques.
Il est vrai qu’avec un accent aussi chantant
Et un débit de parole aussi important,
J’étais loin de vos habitudes acoustiques.
Si bien qu’un jour pendant un oral scolaire,
Un prof’ m’a soufflé d’arrêter de faire le con
Ou de me sanctionner pour me faire taire.
Il n’y avait pourtant aucune solution.
Mon accent fait partie de mon identité
Et mon épouse est une interprète douée.

Parmi les différences entre ces deux régions
Une des grandes surprises fut les fourgons,
Qui lorsqu’ils sont stationnés au bord des routes
Contrairement aux pratiques de ma région,
Ne sont certainement pas ceux d’agriculteurs
Mais de personnes sûrement en plein labeur.
Je l’ai appris à mes dépends un beau matin
Quand je vis cette dame en panne en chemin.
Serviable, j’ai voulu m’arrêter pour aider.
Voyant que la voiture allait à merveille,
J’ai réalisé quelque chose de peu banal :
Ici, ça ne se fait pas au bord du canal.
Je suis alors reparti sans plus de zèle.

Prenons aussi un temps pour parler du « Y »
Que vous utilisez comme bon remplaçant
Du complément d’objet direct ou indirect.
Adopté par mes filles bien évidemment,
Voici encore une de nos différences
Qui me cause chaque jour bien des souffrances.
Et ne parlons pas de vos pains au chocolat
Qui sont en vérité des chocolatines.
Mais bien entendu je ne vous en voudrai pas
De persister dans cette guerre enfantine,
Bien qu’au fond vous sachiez que nous avons raison.

Bien entendu, j’ai beau sourire et me moquer,
De tous les coins de France où j’aurais pu aller
Fargeates, Fargeats, je veux que vous le sachiez
Je suis ravi d’être dans ce village où,
Peu importe vos origines ou votre âge
En nous réservant cet accueil très chaleureux
Vous nous avez permis de nous sentir chez nous
Et ce n’est pas ici qu’une simple image…

Fran, un TDAH issu d’une famille neurodivergente

Pour ce premier échange de la série « Montrer l’invisible », j’ai eu la chance de passer un moment avec Fran qui a gentiment accepté de me servir de cobaye. J’ai rencontré Fran sur Twitter au moment où j’ai commencé à parler de mon parcours sur le réseau à l’oiseau bleu. Il est un de mes tout premiers abonnés, et un de mes tout premiers abonnements.
À cause de problèmes techniques, je n’ai malheureusement pas pu enregistrer l’échange, et la retranscription se fait, cette fois-ci, à partir d’une prise de notes et de ma mémoire. Vous verrez que l’échange a été intense, mais fidèle à ce que nous sommes : deux TDAH qui discutent.


Salut, merci d’avoir accepté de venir passer un moment à échanger avec moi. Est-ce que je pourrais te demander de te présenter pour commencer ?
Salut, je suis Fran. Je suis un homme de 44 ans, marié et papa. Je vis à Amiens j’ai 44 ans et suis ingénieur dans l’IT 1.

As-tu des loisirs, des passions ? Lesquels, lesquelles ?
Oh oui, j’en ai. Beaucoup trop pour pouvoir en faire une liste !

Qu’as-tu envie de partager aujourd’hui, en venant témoigner ?
J’aimerais parler de mon expérience sur les coping mechanisms et le monde professionnel.

Cool ! Sujet intéressant ! Mais d’abord, peux-tu préciser de quel(s) trouble(s) tu souffres ?
Je suis diagnostiqué TDAH avec une hyperactivité très marquée depuis toujours. Je souffre également d’un syndrome de stress post-traumatique et d’une anxiété réactionnelle comme conséquence d’un burn-out.

Tu peux nous en dire davantage sur ton diagnostic TDAH pour commencer, et ton parcours pour y parvenir ?
J’ai grandi au Chili, avec des racines hispano-française et hispano-britanniques.
À l’école, je suis arrivé en CP en sachant lire et écrire. Puis l’année suivante, en CE1, j’ai connu une grosse régression, et j’ai complètement oublié comment lire ou écrire. J’ai alors passé un test de QI. Le spécialiste a aussi parlé de dépression, sujet que l’on commençait à aborder pour les enfants à cette époque.
J’étais également quelqu’un de très impulsif. Je le suis toujours, bien sûr, mais j’ai appris à m’en accommoder. Je n’avais aucune notion du risque, et me suis fait de nombreuses blessures et fracturé des os. J’avais une sorte de réacteur nucléaire impossible à éteindre. Je finissais par m’endormir uniquement par épuisement.
Par chance, mon parrain était neurologue et, à l’âge de 9 ans, il a suggéré qu’il pourrait être intéressant de passer des tests concernant mes difficultés et mon comportement. C’est là que le premier diagnostic de TDAH a été posé. Je n’ai pas eu de traitement, mais le psy (toujours au Chili) a demandé à ce que l’évolution de mon comportement soit surveillé.
Note : C’est d’ailleurs à ce moment qu’entre TDAH que nous sommes, nous avons passé un long moment à discuter des différences linguistique concernant l’espagnol en Amérique Centrale, ainsi que l’histoire de la colonisation de cette région et de l’évolution de la langue au fil du temps
Il y a ensuite eu un second diagnostic à 12 ans, qui a confirmé un TDAH très net. J’ai alors commencé à prendre de la Ritaline, pendant une dizaine d’années.
Après ce diagnostic, j’ai dû faire face aux croyances des différents professionnels de santé. Existence du TDAH ou non ? J’ai également passé deux tests de QI dont, pour différentes raisons, je n’ai jamais pu avoir les résultats. Je ne leur accorde d’ailleurs pas tellement d’importance, mais ça aurait pu me permettre de savoir comment réagir face à certaines situations difficiles. Soit c’est dû à un QI élevé et je peux creuser et analyser, soit je suis juste complètement con (je ne suis pas fier de mon choix lexical) et je me fais une raison.

Tu as parlé de régression au CE1 concernant la lecture et l’écriture. Est-ce que vous avez pu savoir pourquoi ?
Oui. Je n’ai pas régressé en réalité. C’est simplement que la graphie de l’institutrice que j’ai eue cette année-là ne me convenait pas, alors j’ai fait comme un blocage. Voilà encore un exemple qui montre que je suis quelqu’un de très intense.

Effectivement, on voit là une sensibilité et une intensité certaines ! Tu as pris de la Ritaline pendant 10 ans. Pourquoi as-tu arrêté le traitement ?
J’étais encore au Chili, et j’ai arrêté sur un coup de tête. Pour voir. J’avais déjà fait des périodes sans Ritaline pour évaluer mon rendement scolaire. J’ai terminé mes études et je suis arrivé en France. C’est là qu’a commencé le parcours du combattant pour reprendre de la Ritaline alors que j’en ai pris pendant des années, et que le diagnostic avait déjà été posé. Ce parcours a duré plusieurs années après une pause d’environ 10 ans, et ça ne fait que quelques mois que je reprends du méthylphénidate.

Et aujourd’hui, le méthylphénidate t’apporte autant que quand tu étais gamin ?
Il m’aide encore beaucoup quand j’en ressens les effets. Par contre les retombées me semblent beaucoup plus intenses et violentes. Les choses que je ne supporte pas représentent des agressions plus difficiles à gérer.

Quelles ont été les conséquences de ce trouble aux différentes étapes de ta vie ?
Enfant, j’avais beaucoup de difficultés avec les intéractions sociales. Ado, c’étaient plutôt des problèmes d’impulsivité, de colère, des excès d’activité pour combler mon hyperactivité, et j’étais un mauvais élève. Adulte, je suis quelqu’un de désorganisé qui a beaucoup de mal avec la gestion d’un budget et des responsabilités «d’adulte ». Je me suis aussi rendu compte qu’avec le temps, j’ai plutôt tendance à sociabiliser avec des personnes neuroatypiques qu’avec des neurotypiques. Des gens comme moi, quoi.

Justement, qu’as-tu mis en place en face de tout ça, pour t’aider toi-même à mieux supporter tous ces désagréments ?
J’ai développé une obésité intellectuelle et physique. J’ai besoin de faire travailler mon cerveau, et de me dépenser physiquement.
J’ai aussi flirté avec les drogues et l’alcool à certaines périodes de ma vie.

Ça me rappelle quelqu’un… Et pour contrer aujourd’hui les effets de ton TDAH, tu as mis des stratégies en place ? Ce que tu appelles les « coping mechanisms » ?
J’essaie de vivre à horaires fixes toute la semaine. Je me lève et me couche toujours à la même heure, chaque jour de la semaine. Je sais comme ça à quelle heure quelle galère va me tomber dessus lorsque les effets de la Ritaline retombent. Ça me permet d’avoir des repères dans le temps, mais c’est issu d’une imitation de ma famille.
J’ai également des difficultés avec la persistance des objets dans l’espace. Si je ne les vois pas, ils n’existent pas. C’est pour cette raison que tout est organisé et étiqueté. Chaque objet a un emplacement, même si c’est le bordel. Je sais que sur cette étagère j’ai mes fournitures du bureau, sur une autre tout ce qui est en lien avec l’impression 3D. J’ai des tiroirs transparents pour pouvoir en voir le contenu d’un simple coup d’oeil, et j’ai tout ce dont j’ai besoin pour travailler en bordel sur mon bureau. À portée de main, mais en bordel.
J’ai aussi automatisé beaucoup de choses si elles pouvaient l’être : les courses avec le drive, les achats récurrents qui sont automatisés, et les commerces de proximité me connaissent. Par exemple mon épicier habituel sait que j’ai tendance à oublier, et c’est lui qui va me demander si je n’ai pas oublié d’acheter un produit en particulier, que ce soit du lait ou des couches quand ma fille était petite. Aussi, ma pharmacie habituelle et mon médecin me connaissent depuis longtemps. Ils savent tous les deux que j’oublie souvent, ils me notent donc les dates auxquelles je dois reprendre mes rendez-vous ou repasser à la pharmacie, étant donné les régulations en place pour le méthylphénidate en France.

Tu parles d’imitation de ta famille, tu veux bien développer un peu ?
Nous sommes une grande fratrie, et nous sommes trois à avoir été diagnostiqués jeunes. Je suis TDAH, mon frère a un TSA, tout comme ma sœur. Ma mère a commencé et poursuivi son bilan neuropsy après ses 60 ans sur une suspicion de TSA et mon père, qui trouvait souvent les autres trop cons et manipulait les chiffres avec une facilité qui sortait de l’ordinaire, n’a jamais été diagnostiqué, ou nous ne l’avons pas su, mais il devait avoir quelque chose de l’ordre du TSA et du HPI. J’ai donc grandi dans une famille de neuroatypiques, essentiellement TSA.
D’ailleurs, ma sœur est prof et spécialisée dans les diagnostics précoces. En grandissant, nous avons réalisé qu’il y avait un truc avec nos parents, et qu’on était pas comme les autres familles. J’aime en rire, et c’est devenu une blague que je fais souvent, mais j’ai été socialisé par une autiste.
Autre chose d’intéressant dans tout ça, c’est que la grosse différence entre un TSA et un TDAH, c’est que le TSA a des intérêts restreints et qui durent dans le temps, alors que le TDAH peut s’intéresser à tout sur une durée très courte et de façon très intense. Au moins de ce que j’ai vécu.

Ça devait mettre de l’ambiance chez toi ! Et maintenant que tu es adulte, où en es-tu ? Tu parlais aussi de SSPT et d’anxiété réactionnelle. Comment gères-tu cela aujourd’hui ?
Oui, on avait peu de temps pour s’ennuyer ! Pour le SSPT, j’ai fait un gros burn-out il y a quelques années, et ai traversé une période sombre. J’ai travaillé avec un psychiatre spécialisé. J’ai commencé à prendre des anxiolytiques parce que je faisais des crises de panique. Au fil de mon suivi, j’ai appris que je faisais des crises intenses depuis mon adolescence mais qu’elles n’étaient pas perçues, ni par moi ni par mon entourage. J’ai découvert ça à 35 ans !

Et aujourd’hui ? Comment tu vis et gères tout ça, avec le recul ?
Comme je le disais tout à l’heure, j’ai ritualisé beaucoup de choses en ayant grandi au milieu de TSA. Dès que je dévie de mes rituels, ça montre que quelque chose va mal, et que je le vis mal. Je sais que je dois retourner voir mon psychiatre ou au moins demander de l’aide.
J’ai aussi appris à ne pas avoir honte, à assumer mon trouble, le fait de ne pas être capable de respecter les délais, et tout ce que ça peut impliquer. Je suis ainsi, je n’ai pas choisi, je ne suis pas juste un incapable ou quelqu’un d’irrespectueux.

Et qu’aimerais-tu vois changer dans ton quotidien pour mieux vivre avec ce handicap ?
C’est surtout au niveau professionnel que j’aimerais pouvoir en parler, et bénéficier d’aménagements qui sont compatibles avec mon TDAH, comme des réunions plutôt courtes, des horaires souples, des équipes de petite taille, etc. Je ne demande pas à ne plus faire mon travail, mais plutôt à adapter les conditions pour mieux le faire, et dans de meilleures conditions.

Un mot pour finir ?
Il faut parler, faire des troubles neuropsychologiques un sujet accessible, le rendre visible, vulgariser, être à l’écoute des autres, et surtout le normaliser. Ce n’est pas une honte, ce n’est pas une maladie, c’est juste un fonctionnement particulier auquel la société n’est pas adaptée, et dont elle ignore beaucoup trop de choses.

1. [Information Technology, ou en français Technologie de l’Information]


Merci beaucoup à Fran pour cet échange très riche, que nous n’avons malheureusement pas pu enregistrer. Mais nous le ferons une prochaine fois, peut-être sur un sujet sensiblement différent, ou sur le sujet que nous avions prévu au départ !
Vous pouvez le retrouver sur Twitter ou sur Mastodon.

Mon sang ne sauvera personne 

Depuis plus de dix ans maintenant, mon corps me joue des tours. Un juste retour de bâton, je suppose. Je l’ai longtemps malmené. Il a pris sa revanche.

2013 je donnais mon sang à Mâcon en arrivant en Bourgogne. Après plusieurs problèmes de santé qui se sont succédé , me voilà de nouveau prêt à donner mon sang. Nous sommes en juillet 2022.

Le don du sang, ce geste si important et si simple, que j’ai toujours vu l’ensemble de ma famille faire. Ce geste qui ne demande qu’un peu de notre temps à intervalles réguliers et qui peut sauver des vies. De nombreuses vies. Peut-être la mienne demain. Peut-être la vôtre.

Aujourd’hui nous somme en juillet 2022 et me voilà dans le bureau avec le médecin qui m’annonce que parmi mes nombreux soucis de santé, l’un d’eux m’empêchera de donner pour le reste de ma vie.

Une nouvelle découverte, une nouvelle déception, une nouvelle trahison de la part de mon corps qu’il faudra digérer.

Mais vous, si vous le pouvez, s’il-vous-plaît, prenez et offrez un peu de votre temps, pour donner un peu de votre sang.

Sortir du déni : histoire d’un long parcours

D’un point de vue chronologique, j’avais spontanément débuté cet article en parlant de l’année 2016. Mais pour être complet, il faut en réalité remonter à 2015, voire 2009. Je me sens vieux, d’un coup.

En 2009 donc, je fais mes premières crises de tachycardie, que l’on finit par assimiler à des crises d’angoisse. J’apprends à vivre avec et continue de faire beaucoup de sport, jusqu’en 2015 où les crises deviennent de plus en plus fortes, m’entraînant parfois jusqu’au bord du malaise. Bilan chez un cardiologue, tout est plutôt normal, et je me retrouve avec un traitement à base de bêtabloquants. Ceux-ci sont tellement efficaces que, même lors d’un effort, le cœur n’arrive plus à monter assez haut. Il est temps d’arrêter le rugby, la salle de sport, les efforts physiques à la maison, et de trouver un réglage qui va bien.

Avril 2016. J’ai 26 ans, je n’ai toujours pas repris le sport, et mon corps me signale son manque de forme. Des douleurs musculaires, des courbatures fréquentes, une contracture au mollet qui dure une semaine… Mais qui n’est pas une contracture. La fatigue m’envahit et dans la nuit du vendredi au samedi, je me réveille en sursaut, incapable de respirer. Une phlébite prise pour une contracture se complique en embolie pulmonaire. Direction les urgences et une semaine d’hospitalisation. Je n’ai jamais été aussi fatigué qu’après ça. Je mettrai plusieurs années pour relever la tête côté fatigue. Je n’ai plus d’activité physique et le moral diminue, petit à petit. Je commence à chercher de l’aide. En vain. Je change de travail, pour pire.

2017. Malgré la fatigue, mes problèmes cardiaques sont réglés et je reprends le rugby et la salle de sport en fin de saison, soit autour du mois d’avril. Quelques mois de sport et, le 8 octobre 2017, je me blesse au rugby. Une erreur de diagnostic plus tard, me voilà parti pour 3 ans et demi de blessure, deux opérations et une diminution de ma capacité physique (un handicap, quoi). Me voilà donc, à quelque chose près, à 6 ans sans sport. 6 ans sans activité physique, sans exutoire, et un moral qui baisse, qui baisse, et qui baisse encore…

Dans ces moments, on a beau admettre qu’on va mal, on a beau le savoir, il est difficile d’aller chercher de l’aide. Et s’entendre dire par le psychologue finalement vu qu’il suffit d’arrêter de se victimiser pour aller mieux, ça n’aide pas. Moi, je ne comprends pas pourquoi ça ne va pas. Un couple solide, une fille qui me comble de bonheur, je ne manque de rien, j’ai un travail, un toit, … Pourquoi je vais si mal ? Pourquoi ces idées noires ? Oui, je dois être en train de me victimiser. À moi de me remuer pour aller mieux. Ça ne fonctionne pas.

Petit à petit, la situation se dégrade. Ma seconde fille arrive, je me sens dépassé, inapte à gérer, à bien m’occuper d’elles, et cette obsession qui grandit pour les couteaux, les platanes, le vide, l’eau… Ces moments de joie en me disant que ça y est, j’ai enfin une solution pour que tout cela cesse, pour être enfin tranquille. Ma femme et mes filles sont mon dernier frein. C’est tout ce qu’il reste pour me donner encore un peu l’impression d’avoir quelque chose à faire ici.

Les idées noires sont de plus en plus envahissantes, c’est constant, sans répit. Et un jour, au détour d’une conversation, on me parle de mon TDAH. TDAH ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité. Incompréhension. Non, ce n’est pas moi. Mais je suis curieux, je me renseigne. Comme toujours quand je découvre un nouveau sujet, je lis, j’écoute, des papiers scientifiques, des podcasts, des témoignages, je visionne des vidéos sur YouTube. Et c’est frappant. Je me reconnais beaucoup trop pour que ce soit le hasard… Alors j’échange avec des personnes qui souffrent de ce TDAH, ils me racontent ce qu’ils vivent ou ont pu vivre. Non, décidément ça colle beaucoup trop. Sur les conseils de la personne qui m’aura le plus aidé pour démarrer mes démarches, je contacte TDAH France, l’association, et plus particulièrement Chantal, de l’antenne locale de Saône-et-Loire.

Après un échange très constructif et instructif, Chantal parvient à me rassurer, et surtout à m’orienter vers un vrai spécialiste que je rencontrerai en novembre 2021. Nous sommes donc à plus de 5 ans d’errance. Ce sera la rencontre qui me sauvera.

Lors premier rendez-vous, il m’indique que certains troubles neurodéveloppementaux sont évidents, mais qu’il faut d’abord traiter cette dépression et mon anxiété avant que je me foute en l’air. Les mots sont posés. C’était évident mais l’entendre est brutal. Je le niais complètement. Me voilà sous traitement anti-dépresseurs et anxiolytique. Après quelques ajustements, je peux dire que cet homme m’a sauvé de quelque chose qui aurait pu dégénérer pour de bon. Je vais mieux. Je n’ai plus d’idées noires, et ces deux problèmes sont stabilisés.

Mai 2022. Je passe un bilan psychométrique qui révélera que je « souffre » de TDAH, TSA, syndrome d’Asperger, hypersensibilité sensorielle et alexithymie. Entre autres. Je comprends mieux mes courtes nuits depuis toujours, mon besoin de toujours m’occuper les mains, de bouger, les agressions sensorielles que je subis de la part de mon environnement direct, mes difficultés à suivre un cours correctement, ce sentiment d’injustice récurrent…

Des échanges avec la psychologue qui m’a fait passer les tests ainsi qu’avec le psychiatre (les deux travaillant ensemble) ressortiront plusieurs éléments intéressants pour me comprendre, et m’adapter à ce que je suis vraiment, sans me cacher. Comme une façade qui s’effacerait un peu. Ça ne change en rien qui je suis, mais ça me permet de mieux m’adapter à certaines difficultés, et à mieux le gérer.

Aujourd’hui, après avoir dû de nouveau encaisser, j’assume cette particularité, et je pense qu’il est important d’en parler, de rendre le sujet visible, et de ne plus en faire quelque chose à cacher. C’est l’objet de ce site et de ce blog, où je parlerai principalement de sujets en lien avec le neuropsy sous mon vrai nom, comme j’en parlais dans ce billet.

Affaire à suivre…